REVUE DE PRESSE
La Dépêche du Midi, Jeudi 20 avril 2000

TARN ET GARONNE

Pierre, chasseur de fuites

      Pierre MELLAC, 23 ans, a créé son entreprise le 1er février 1999 à FAUDOAS. Son métier consiste à détecter les fuites dans les canalisations d'eau potable. Il est le seul « chasseur de fuites » de Midi-Pyrénées. Son nouveau métier qui ne porte pas de nom est inclassable, et son parcours vraiment atypique.

Cool et clean en dehors, sérieux et pointu en dedans. Pierre, 23 ans, ressemble à la grande majorité des jeunes qui ont reçu une formation scientifique. Spontanément ouvert mais réfléchi, naturellement participatif mais avec prudence, assurément ambitieux mais pas tueur. Il appartient professionnellement à un monde à part, celui des ingénieurs ou des chercheurs, réservé à un cercle d'initiés.

Sa force, c'est son savoir.

De surcroît, Pierre est atypique. Il exerce un métier qui ne porte pas de nom, et son entreprise est juridiquement inclassable : il n'est pas profession libérale, et ne dépend ni de la chambre de métiers ni de la C.C.I.. Il sera finalement répertorié, contre toute logique, dans la catégorie des commerçants. C'est, pour l'instant, le revers de la médaille de ce que l'on appelle les nouveaux métiers. Le sien consiste à rechercher les fuites sur les canalisations d'eau potable, à détecter les conduites, à localiser et nettoyer les « bouches à clef », et à rendre un diagnostic précis du réseau. Il est seul « chasseur de fuites » en Midi-Pyrénées.

      FAUDOAS, TOULOUSE, BORDEAUX et... retour

Originaire de FAUDOAS, Pierre, très attaché à sa commune, fréquente la communale, puis file à BEAUMONT pour intégrer le Caousou à TOULOUSE. Il passe par LABèGE pour décrocher un Bac. S. option Biologie-écologie, et s'offre un B.T.S.A. à l'I.S.N.A.B. (Institut des Sciences de la Nature et de l'Agroalimentaire de BORDEAUX). Son diplôme de gestion des services d’eau et d’assainissement en poche, il sera le seul de sa promotion à créer une entreprise.

      Pour Pierre, c'est la fuite en avant.

Tous les autres ont vendu leurs services à la Lyonnaise des Eaux, à la Générale ou à la S.A.U.R.-C.I.S.E.. Il conforte son diplôme par un stage de 10 semaines consacré à la création d'entreprise organisé par la Chambre de Commerce et d’Industrie de MONTAUBAN et l'A.N.P.E. de CASTELSARRASIN, et s'installe à FAUDOAS le 1er février 1999.

Pas de bâtiment, pas de bureaux.

Son entreprise le S.é.T.E.C. (Service d'études Techniques pour l'Entretien des Canalisations) est contenue toute entière, dans une camionnette bourrée d'instruments de mesures électroniques.

      Pas chercheur, mais « trouveur » de fuites

Il intervient dans deux cas de figure: en urgence pour localiser une fuite connue, et en préventif pour rechercher celles qui sont insoupçonnées. Et sur trois domaines : toutes les canalisations d'eau potable, les réseaux d'irrigation, et les particuliers. En aucun cas il ne répare. Il dit où se situe très précisément le problème.

Avec son corrélateur acoustique, Pierre localise la fuite grâces à l'onde de propagation. Il la cerne à l'aide de deux capteurs posés sur les points de contact, établie les paramètres grâce au logiciel qui équipe son ordinateur, mesure la distance avec son odomètre. Après l'avoir située, il écoute le bruit caractéristique de la fuite à l'aide d'un Duophon. Si besoin est, il utilisera son détecteur de métaux ou de canalisations. Ainsi, scientifiquement traquée, la fuite, même la plus vicieuse, ne peut lui échapper. Il se dit non pas chercheur de fuites, mais « trouveur » de fuites. Infaillible.

      Faire venir l'eau à son moulin

En quatorze mois d'activités, Pierre ne se plaint pas. Il fait son bonhomme de chemin dans un secteur où la concurrence n'existe pas encore. Ses clients sont des organismes publics à 75 %, des plombiers ou des particuliers.

Il a déjà travaillé sur tout le Tarn-et-Garonne, mais aussi à ALBI, GOURDON, MIRANDE, TOULOUSE et MAZèRES. Pierre a passé contrat au début de l’année avec la Générale Des Eaux, et espère que les régies municipales et les syndicats fassent appel à lui. Son site Internet (http://www.setecmp.online.fr) est opérationnel. Le jeune homme avance avec le sérieux et la précision d'un scientifique. Il n'en garde pas moins les pieds sur terre.

En l'occurrence celle de FAUDOAS, trois cents habitants. Quand il ne travaille pas, Pierre tient sa place dans l'équipe de foot du village ou joue du saxo dans la banda locale.

Il a trouvé le point d'équilibre entre « sa » terre et l'eau.

Mais au fait, qui prétendait, hier encore, sous couvert d'une nécessaire mondialisation dont on mesure les tristes effets aujourd'hui, que de vivre et travailler au pays n'étaient plus raisonnables?

VAREN : trouver "l'objet du débit" [suite]

Pierre se souvient de ce 25 janvier dernier où la régie municipale de VAREN avait fait appel à lui après avoir constaté une consommation anormale sur le réseau de la commune.

« L'objet du débit » provenait d'une cassure franche sur une canalisation de 100 mm située en plein bourg. L'eau s'échappait à raison de 20 m3 par heure en prenant sournoisement le réseau pluvial pour se jeter à corps perdu dans l'Aveyron.

L'énorme fuite durait depuis trois mois... A raison de 16,50 F le m3 (moyenne nationale), on peut facilement calculer le coût astronomique de « l'accident ».

Peu de temps auparavant la Générale Des Eaux l'avait contacté afin d'intervenir sur AUCAMVILLE. Il fallut un jour et demi à Pierre pour trouver l'erreur. La grosse fuite se trouvait à l’extrémité de la commune, mais le réseau public en recelait bien d'autres. Les exemples de ce type sont nombreux...

Guy REVELLAT